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scuderia57

Ayrton Senna

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Ayrton Senna da Silva est un pilote automobile brésilien, né le 21 mars 1960 à São Paulo (Brésil), et mort le 1er mai 1994 à Bologne (Italie), à la suite d'un accident lors du Grand Prix de Saint-Marin.
Véritable idole au Brésil où son statut a dépassé celui de simple champion sportif, il est considéré comme l'un des plus grands pilotes de l'histoire de la Formule 1 dont il remporta trois fois le titre de champion du monde en 1988, 1990 et 1991, après avoir gagné 41 Grands Prix et signé 65 pole positions. Il est le dernier pilote mort en course en Formule 1.




Initié au pilotage dès son plus jeune âge, Ayrton Senna dispute ses premières compétitions de karting à l'adolescence. Champion d'Amérique du Sud de karting en 1977, puis vice-champion du monde de la spécialité en 1978 et 1979, il émigre, en 1981, vers le Royaume-Uni, pour poursuivre sa carrière.


Au Royaume-Uni, Senna ne tarde pas à se forger une solide réputation dans le milieu du sport automobile. Champion de Formule Ford 1600 britannique en 1981, puis champion de Formule Ford 2000 (britannique et européenne) en 1982, il remporte l'année suivante le relevé Championnat de Grande-Bretagne de Formule 3.



Sa rapidité alliée à un style très agressif ne passe pas inaperçue et certaines écuries de Formule 1 commencent à surveiller le jeune pilote. Ainsi, durant l'été 1983, alors que sa saison de Formule 3 n'est pas encore achevée, il est convié à un test par l'écurie Williams. Quelques mois plus tard, McLaren et Brabham testent l'espoir brésilien. Ces grandes équipes ne lui proposent toutefois pas de volant pour le Championnat du monde de Formule 1 1984 et c'est au sein de la modeste équipe Toleman que Senna effectue ses débuts en Grand Prix.
Senna effectue ses premiers tours de roues dans le ventre mou du peloton, mais inscrit son premier point dès la deuxième course de sa carrière en terminant sixième du Grand Prix d'Afrique du Sud, son statut change à l'occasion de la sixième épreuve de la saison (son cinquième départ dans la discipline), au Grand Prix de Monaco 1984.


Alors que des trombes d'eau s'abattent sur la Principauté et mettent en déroute la plupart des pilotes, Senna livre une prestation solide. La course est arrêtée par le directeur de course Jacky Ickx à l'issue du trente-deuxième des soixante-dix-sept tours prévus à cause de la pluie. Le drapeau rouge est agité par les commissaires de pistes au virage de La Rascasse et le drapeau noir, qui n'a pourtant pas son utilité à ce moment, au virage Antony Noghès. La règlementation stipule que lorsque le drapeau rouge est brandi, les pilotes doivent rejoindre la grille à « vitesse raisonnable ». Alain Prost, alors en tête de la course, se conforme au règlement et stoppe sa monoplace juste devant la ligne de départ, au niveau des commissaires brandissant le drapeau rouge et le drapeau à damier signifiant que la course est arrivée à son terme et qu'il n'y aura pas de seconde manche. Senna, qui effectuait une spectaculaire remontée et repris près de 25 secondes au Français en une douzaine de tours, refuse pour sa part d'obtempérer aux ordres des commissaires de course et ne stoppe pas sa monoplace devant les drapeaux : ce faisant, il franchit le premier la ligne d'arrivée, mais en contrevenant à la règlementation puisque la course était d'ores et déjà interrompue. Il échappe finalement à la disqualification et est classé deuxième de la course. Cette performance, ainsi que sa dixième place au championnat du monde avec 13 points, lui ouvre les portes de l'écurie Lotus-Renault.


Chez Lotus, au sein d'une équipe capable de jouer régulièrement la victoire, Senna confirme immédiatement son potentiel en remportant le Grand Prix du Portugal, disputé le 21 avril 1985 sous un déluge à Estoril. Senna profite des 800 chevaux de son moteur Renault V6 turbocompressé pour réaliser sept pole positions lors de la saison 1985. Gérard Crombac, fondateur du journal spécialisé dans la course automobile et dans l'automobile sportive Sport Auto, ne tarde pas à le comparer à son défunt ami Jim Clark, double champion du monde de Formule 1.
Senna remporte sa seconde victoire de la saison sur le sélectif tracé de Spa-Francorchamps. Chez Lotus, Senna est particulièrement apprécié car, outre ses qualités de pilotage, il fait preuve d'une acuité rare dans le dialogue technique avec les ingénieurs.



En 1986, Senna poursuit son apprentissage aux côtés des ingénieurs français Gérard Ducarouge et Bernard Dudot. À l'issue de sa victoire en Espagne, il s'empare de la tête du championnat et la conserve jusqu'au septième Grand Prix de la saison, le Grand Prix de Détroit, qu'il remporte. Grâce à ses deux victoires, il se classe quatrième du championnat du monde avec 55 points à la fin du championnat, devancé par Alain Prost sur McLaren-Porsche (72 points) et le duo Nigel Mansell-Nelson Piquet sur Williams-Honda (70 et 69 points).
En 1987, suite au retrait de Renault, Lotus signe avec le motoriste japonais Honda et change de sponsor : la livrée JPS noir et or est remplacée par le jaune de Camel. Senna connaît une saison difficile à cause principalement de la nouvelle technique de « suspension active » de sa Lotus 99T. Il décroche néanmoins la première de ses victoires à Monaco et remporte une nouvelle fois le Grand Prix de Detroit, qui reste la dernière victoire de Lotus en Formule 1. S'il monte sur huit podiums au cours de l'année, il ne termine que troisième du championnat, perdant la place de vice-champion à l'issue du dernier Grand Prix où, second sous le drapeau à damier, il est disqualifié pour freins non conformes.

En 1988, la carrière de Senna prend une nouvelle dimension avec son arrivée, conjointe à celle de Honda, chez Mclaren. Cette arrivée marque le début de sa rivalité avec Alain Prost, son nouvel équipier. McLaren écrase le championnat du monde grâce à la McLaren MP4/4 en remportant quinze des seize courses de la saison pour la dernière sortie des moteurs turbocompressés. Ayrton porte à treize le nombre de pole positions décrochées en une saison établissant alors un nouveau record, battant les neuf pole positions de Ronnie Peterson en 1973, de Niki Lauda en 1974 et 1975 et de Nelson Piquet en 1984.


Seuls les onze meilleurs résultats comptent pour l'attribution du titre afin d'inciter les pilotes à chercher la victoire sans pénaliser outre mesure les casses mécaniques. Senna compte huit victoires et trois secondes places contre sept victoires et quatre secondes places pour Prost, ce qui lui permet de remporter son premier titre mondial malgré un nombre de points inférieur. Le Brésilien décroche le titre à Suzuka au Japon, lors de l'avant-dernière épreuve du championnat. Après avoir manqué de caler sur la grille, il entame une remontée et gagne la course.

En 1989, Prost prend sa revanche sur Senna en lui ravissant le titre de champion du monde. Si 1988 était une saison d'entente cordiale et de respect mutuel entre les deux équipiers, 1989 est celle de la polémique.
Déjà, en 1988, Honda semblait favoriser le pilote brésilien au niveau de la qualité de préparation et de réglage de sa monoplace. Une manœuvre litigieuse de Senna lors du second tour du Grand Prix du Portugal, où Senna avait nettement tassé Prost contre le muret des stands, avait quelque peu entaché les rapports entre les deux hommes.


À l'issue du Grand Prix de Saint Marin, Prost accuse Senna de ne pas avoir respecté un pacte au départ : ne pas s'attaquer au premier virage afin de ne pas risquer un accrochage. Ron Dennis, le patron de McLaren, entreprend alors de réunir les deux hommes pour régler leur différend quelques jours plus tard à l'occasion d'une séance d'essais privés sur le tracé de Pembrey. Peu après, Prost confie à la presse française que, sermonné par Ron Dennis, Senna pleura lors de cette réunion. Cette révélation provoque la fureur du Brésilien qui justifie son action à Imola en considérant que le pacte de non-agression était prévu pour le premier départ du Grand Prix, et non pour le second donné suite au grave accident de Gerhard Berger au quatrième tour.

La guerre psychologique explose désormais au grand jour. Prost, depuis longtemps installé dans l'écurie, insiste sur le fait qu'il a lui-même donné son accord pour la venue de Senna et considère que la réputation du Brésilien est surfaite. Jouant de son influence, le pilote français veut montrer qu'il est le meilleur. Senna débauche alors l'homme d'affaires de Prost, Julian Jakobi, tandis que Prost se tourne alors vers la presse pour dénoncer un traitement de faveur pour son équipier et rival brésilien.
Moins rapide en qualifications, Prost préfère régler sa monoplace pour la course car il sait que Senna est prêt à tout pour décrocher la pole position. Cette vélocité du Brésilien lui attire non seulement les faveurs de Honda mais aussi celles du personnel de l'écurie McLaren. Si le débat perdure pour savoir à quel point les moteurs Honda de Senna étaient plus performants que ceux de Prost, les fiches techniques confirment que Prost a fait une bonne partie de la saison avec un châssis MP4/5 utilisé également en essais privés tandis que Senna bénéficiait d'un châssis réservé à la course.
Malgré sa rapidité, Senna connaît une saison malchanceuse, abandonnant à quatre reprises lors des huit premières courses de la saison, alors que Prost aligne les places sur le podium. À Monza, Senna bénéficie d'une évolution moteur mais celui-ci explose à quelques tours de l'arrivée et Prost remporte la course. Senna déclare alors ; « La victoire de Prost est un péché ».
Les rapports entre les deux hommes s'enveniment et aboutissent à l'accrochage du Grand Prix du Japon, avant-dernière épreuve de la saison. Qualifié en pole position, Senna se fait pourtant déborder par Prost au départ. Au quarante-septième tour, le Français résiste à une tentative de dépassement de Senna à l'entrée d'une chicane, ce qui provoque l'accrochage. Senna repart en court-circuitant cette chicane et remporte la course mais est disqualifié pour avoir été poussé par les commissaires et avoir court-circuité la chicane. Prost, suite à la disqualification de son rival, décroche son troisième titre mondial.


Cet accrochage porte à discussion car si Senna part de trop loin pour effectuer un dépassement régulier, Prost ferme quant à lui nettement la porte. Le pilote attaquant, Senna, écope d'une amende et d'une mise à l'épreuve quant au renouvellement de sa super-licence de pilote pour avoir critiqué la décision des commissaires. Selon Senna, cette disqualification est une manœuvre fomentée par le président de la FIA, le Français Jean-Marie Balestre, dans le but de favoriser la victoire en championnat du monde de son compatriote Prost. Senna déclare en effet à Adélaïde, cadre du dernier Grand Prix de la saison ; « What we see today is the true manipulation of the World Championship » (« Ce que nous voyons aujourd'hui est une vraie manipulation du Championnat du monde »).

Prost parti chez Ferrari en 1990, la lutte reprit de plus belle entre les deux hommes et aboutit sur un nouvel accrochage, toujours à Suzuka. Senna est irrité que l'auteur de la pole position soit placé sur le côté poussiéreux de la piste (conformément au marquage au sol du circuit de Suzuka à cette époque). Refusant de laisser la pole à Prost pour être sur la partie propre de la piste, Senna joue le jeu aux essais qualificatifs et signe le meilleur temps devant le Français. À l'époque Senna prétendra avoir rencontré les officiels du circuit de Suzuka avec Gerhard Berger et avoir reçu la confirmation que la pole serait changée de côté. Mais cela n'a jamais été confirmé. Dès lors le scénario tant redouté se produit : au départ, Senna patine et voit Prost profiter de la trajectoire remplie de gomme pour s'envoler en tête. Senna éperonne alors volontairement Prost à l'abord du premier virage, à haute vitesse, s'octroyant ainsi son deuxième titre mondial.

Simple revanche de l'accrochage de 1989 pour les uns, manœuvre folle et antisportive pour les autres, l'accrochage de 1990 acheva de faire de Senna l'un des pilotes les plus controversés de son temps. Senna reconnut lui-même publiquement l'année suivante avoir provoqué volontairement cet accident en critiquant sévèrement l'action de l'ancien président français de la FIA, Jean-Marie Balestre, qu'il accusait implicitement de jouer en faveur d'Alain Prost. Malgré le fait qu'il admette aujourd'hui avoir compris que ce geste de Senna n'était pas vraiment tourné contre lui mais contre la fédération, Alain Prost considère que cet accrochage est la seule chose qu'il ne peut pas pardonner. Car même si l'angle de contact et le large dégagement de gravier ont fait que les deux pilotes n'ont rien eu, ils auraient pu se blesser gravement. Pour des pilotes qui ont vu plusieurs de leurs copains du paddock se tuer, comme Jackie Stewart avec Clark, Rindt et François Cevert, ce geste de Senna reste à jamais incompréhensible.

La saison 1991 débute de manière parfaite pour Senna. Quatre Grand Prix, quatre pole positions, quatre victoires, et vingt-neuf points d'avance sur Prost, qui ne sera pas son principal rival cette année. Parmi ses quatre victoires, la plus marquante étant son succès au Brésil à Interlagos, le premier devant son public et alors que sa McLaren avait une boite de vitesse à l'agonie. Senna sera à la limite de la tétanie physique à l'arrivée du Grand Prix et soulèvera son trophée avec les plus grandes difficultés.
La montée en puissance des Williams-Renault va rendre le troisième titre mondial du Brésilien assez long à se dessiner. À mi-saison, Nigel Mansell n'est plus distancé que de huit points après avoir aligné trois victoires consécutives. Il en rate une au Canada à cause d'une gaffe dans le dernier tour, confirmant sa réputation de pilote très rapide mais aussi trop peu calculateur. Après deux victoires de suite en Hongrie et en Belgique, Senna reprend ses distances pour le titre. C'est encore et toujours à Suzuka que Senna devient mathématiquement champion du monde lorsque Mansell sort de la piste. Senna laisse alors la victoire à son équipier et ami Gerhard Berger, malchanceux depuis son arrivée chez McLaren. Pour clore cette saison, il remporte une septième victoire en Australie, course qui rentrera dans l'histoire comme étant la plus courte jamais disputée, quatorze tours couverts après presque vingt-cinq minutes.

La saison 1992 est totalement dominée par l'écurie Williams-Renault et particulièrement par le britannique Nigel Mansell. Avec une McLaren MP4/7A dotée d'une électronique TAG très performante mais peu fiable, Senna lutte à armes inégales. Alain Prost, renvoyé de chez Ferrari, a pris une année sabbatique. Si des comparaisons peuvent être faites entre grands pilotes, on touche là à la véritable faiblesse d'Ayrton Senna : la motivation. Sa seule motivation était de battre Prost. Sans le Français, il n'était plus le même pilote. Dans de nombreuses interviews, Alain Prost a déclaré que durant l'année 1992, Senna ne cessait de l'appeler au téléphone pour qu'il revienne au plus vite. Il n'aimait pas se battre contre Mansell, pilote capable de prises de risque encore plus osées que Senna lui-même, ou contre Schumacher, un jeune talent que Senna n'appréciait guère. Les relations entre les deux hommes étaient d'ailleurs mauvaises en 1992 puisque l'Allemand et le Brésilien s'accrochèrent à Magny-Cours puis Senna reprocha à Schumacher de l'avoir bloqué en qualifications à Hockenheim. Le Brésilien voulut en venir aux mains dans le stand Benetton.


Senna avait compris, tout comme Prost, qu'il fallait au plus vite obtenir un volant chez Williams-Renault pour avoir une chance de redevenir Champion du Monde. Ce fut le feuilleton de l'année 1992. Prost avait des contacts avancés pour 1993 mais Senna se déclara prêt à piloter gratuitement pour Williams. Cela tombait mal pour Nigel Mansell, qui pensait profiter de ses victoires pour revaloriser son contrat. Dans ce jeu de billard à trois bandes, Mansell sera le grand perdant. Écœuré, il s'exila aux États-Unis en IndyCar. Prost ayant réussi à signer, Senna tentait de convaincre le Français d'accepter de courir de nouveau ensemble. Mais Prost mit son véto. Senna l'a alors sévèrement critiqué dans la presse et menaçait de prendre lui aussi une année sabbatique. Il fera également un test pour le compte de l'écurie Penske Racing d'IndyCar avec son ami Emerson Fittipaldi.
Senna ne semblait pas vouloir poursuivre avec l'écurie McLaren puisque le motoriste Honda s'était retiré de la F1 pour l'année 1993.
Côté piste, le Pauliste avait tout de même remporté trois Grands Prix dont, encore une fois, celui de Monaco. En effet Nigel Mansell avait été victime d'une crevaison lente dans les derniers tours. Senna et Mansell se livrèrent à un duel de légende dans les dix derniers tours du Grand Prix. Mais malgré une grosse prise de risque sous le tunnel à trois tours de l'arrivée, Mansell n'arriva pas à passer et Senna l'emporta de nouveau.
Lors des essais du Grand Prix de Belgique, Ayrton Senna vient au secours du pilote français Érik Comas, victime d'un terrible accident sous ses yeux dans le virage rapide de Blanchimont. Assommé par sa roue, le pilote français perd connaissance et reste le pied bloqué sur l'accélérateur. Senna l'entend et s'arrête au bord du circuit. Il traverse la piste en courant alors que les autres voitures déboulent à pleine vitesse. Il actionne le coupe-circuit de la Ligier du Français pour éviter tout risque d'incendie puis il maintient droite la tête de Comas en attendant l'arrivée des secours.


Pilotera ou pilotera pas ? Début 1993, les deux pilotes McLaren inscrits auprès de la FIA sont Michael Andretti et Mika Häkkinen. Mais finalement Senna revient du Brésil pour défier Prost et sa Williams. Après un roulage à Silverstone, il se rend compte que malgré son moteur Ford V8 client, le châssis McLaren MP4/8 est sain et l'électronique TAG fiable.
Au Grand Prix du Brésil, deuxième manche de la saison, Prost et sa Williams partent favoris pour l'emporter mais Senna réussit à s'imposer pour la seconde fois devant son public avec une voiture moins compétitive que par le passé tandis que son éternel rival a dû abandonner. Son tour de rentrée aux stands prend alors une tournure spectaculaire : alors qu'il s'est emparé d'un drapeau brésilien juste après son arrivée, la foule se rue sur la piste pour acclamer son héros. Senna, qui roulait alors au ralenti pour saluer le public, est contraint de s'arrêter devant cette masse qui encercle sa voiture. Devant l'impossibilité d'avancer à travers cette foule, il devra même laisser sa voiture en plein milieu de la piste et finir son tour d'honneur dans la voiture de sécurité qui peinera moins à le ramener. La fête se poursuivra ensuite sur le podium où il recevra son trophée des mains de Fangio.



Avec ce matériel, qui en 1993 n'était pas le plus compétitif du plateau, Senna va livrer quelques magnifiques démonstrations de pilotage. La plus célèbre d'entre elles ayant eu lieu sous la pluie de Donington Park, où Senna dépasse quatre voitures (dont celle de Prost) lors d'un premier tour d'anthologie. Mais tout comme Alain Prost, Senna n'aimait pas l'évolution électronique de la F1. Il considérait lui-même que sa performance de Donington était plus liée à l'excellente électronique TAG de sa McLaren qu'à son pied droit, qui lui avait fait la différence sous le déluge d'Estoril pour sa première victoire. La presse britannique le qualifie alors de « Magic » en raison de son aisance sous la pluie.
Contre toute attente, Senna se retrouve en tête du championnat après une nouvelle victoire à Monaco, la sixième au total en principauté, ce qui reste à ce jour le record. La Williams de Prost est victime d'un embrayage parfois capricieux. Mais à mi-saison, sur les circuits rapides nécessitant un bon moteur, le V10 Renault surclasse le V8 Ford et Senna ne peut pas rivaliser longtemps. Un nouvel ensemble aérodynamique et électronique arrive en fin de saison et la McLaren de Senna retrouve quelques couleurs pour les dernières confrontations avec Prost. Senna l'emporte à SuzukaMika Häkkinen, nouveau coéquipier du Brésilien, constate l'ambiance glaciale sur le podium entre les deux grands rivaux.
Senna attend en réalité la toute fin de sa confrontation avec Prost pour se détendre. Après avoir fait la pole, Senna remporte également le Grand Prix d'Australie à Adélaïde. Après une poignée de main chaleureuse dans le garage du parc fermé, Senna invite Prost à monter avec lui sur la plus haute marche du podium. La réconciliation est lancée et vire à la franche rigolade lors de la conférence de presse où Senna révèle que Ron Dennis vient de lui dire que, s'il le souhaite, il peut rester chez McLaren en 1994. Prost tape alors dans le dos de Senna en lui disant ; « Tu sais, il m'a dit la même chose fin 1989 ». Tout le monde éclate de rire.
Pendant l'inter-saison, ils se retrouvent à plusieurs reprises pour discuter de la nouvelle Williams en préparation et pour piloter ensemble lors d'une course de karting de charité à Paris-Bercy à l'initiative d'Ayrton Senna. Senna et Prost passent la soirée à bavarder sous les yeux du public, ce qui semble officialiser leur entente. Conscients tous deux que l'un sans l'autre, leur carrière n'aurait pas eu le même impact, ces deux pilotes avaient développé un énorme respect mutuel. Mais leurs égos les empêchaient de se rapprocher tant qu'ils étaient en compétition.

Prost ayant pris sa retraite, Senna rejoint l'écurie britannique fin 1993. Présenté comme le favori du championnat 1994, au volant d'une voiture plus rétive que prévu Senna subit la loi de Michael Schumacher à l'occasion des deux premières courses de la saison où il obtient malgré tout à chaque fois la pole position. La Williams-Renault FW16, privée des assistances électroniques au pilotage (suspensions actives, anti-patinage, etc.) interdites depuis la fin de la saison précédente, exploite mal la puissance de son moteur. Les deux premières courses de la saison se soldent par deux abandons pour Senna, avec un tête-à-queue au Grand Prix du Brésil, puis un accrochage au Grand Prix du Pacifique.
Le troisième Grand Prix de la saison, le Grand Prix de Saint-Marin, disputé sur le tracé d'Imola en Italie les, 29, 30 avril et 1er mai 1994, tourne au cauchemar. Le vendredi, premier avertissement avec une violente cabriole du jeune Rubens Barrichello (Jordan) qui s'en tire blessé. Le samedi, lors des essais qualificatifs, où Senna signe sa 65e et dernière pole position, le pilote autrichien Roland Ratzenberger est victime d'un accident mortel au volant de sa Simtek-Ford, juste après avoir perdu un aileron, dans le virage de Tosa.

Roland Ratzenberger est très certainement tué sur le coup, mais son décès ne sera constaté officiellement que lors de son transfert hors du circuit. Or, selon la loi italienne, s'il avait effectivement été constaté sur place, la piste d'Imola aurait été placée sous scellés aux fins d'inspection et d'enquête, comme le veut la justice italienne, ce qui aurait automatiquement entraîné le report du Grand Prix.
Senna monte alors à bord d'une voiture de la direction de course et se rend sur les lieux du crash pour discuter avec des commissaires. Il est rappelé à l'ordre par lettre le dimanche matin par la FIA pour ce geste, les officiels considérant qu'il n'avait rien à faire sur place. Il est profondément affecté par ce drame, et ressent un mauvais pressentiment. Il confie au téléphone à son amie Adriana Galisteu qu'il n'a pas envie de courir. Le professeur Sid Watkins, à la tête de l'équipe médicale sur les circuits de Formule 1, rappelle dans ses mémoires qu'Ayrton Senna a pleuré sur son épaule à l'annonce de la mort de Ratzenberger. Watkins tente alors de persuader Senna de ne pas courir le lendemain, lui disant qu'il est le triple champion du monde, le plus rapide et qu'il ferait mieux de « se mettre à la pêche » (« What else do you need to do? You have been world champion three times, you are obviously the quickest driver. Give it up and let's go fishing »). Senna lui rétorque qu'il n'a pas le contrôle sur certaines choses et qu'il doit continuer (« Sid, there are certain things over which we have no control. I cannot quit, I have to go on. »).
Lors du repas du samedi soir, pris avec Jakobi et Gerhard Berger, Senna demande à ce qu'un drapeau autrichien lui soit remis en cas de victoire.


La course aura donc lieu. Au briefing des pilotes, Ayrton Senna retrouve le Français Érik Comas, qu'il avait secouru à Spa en 1992, pour lui demander de le rencontrer à Monaco afin de parler de sécurité. Visiblement Senna a l'intention de reformer un comité de pilotes. Il en discute également avec Michael Schumacher et Gerhard Berger à la sortie de ce briefing. Puis le dimanche midi, il traverse tout le paddock et le motorhome Renault pour demander à Alain Prost de le rejoindre. De nouveau il lui parle de sécurité et de ses doutes sur la possibilité de contenir la Benetton de Schumacher avec sa Williams.
Il faut rappeler qu'outre les accidents de Barrichello et de Ratzenberger, JJ Lehto et Jean Alesi ont déjà été victimes de violentes sorties entrainant des blessures lors de l'intersaison. Puis Karl Wendlinger à Monaco et Andrea Montermini à Barcelone seront également violemment accidentés. Le changement de réglementation avec le retrait subit de l'électronique ont visiblement rendu les F1 de l'année 1994 dangereuses. De plus beaucoup de circuits n'ont plus été aménagés depuis quelques saisons, étant donné qu'aucun pilote de Formule 1 n'a été tué depuis Elio De Angelis en 1986.
Le dimanche 1er mai, au départ, un accident se produit dès le feu vert, la Lotus du Portugais Pedro Lamy percutant la Benetton du Finlandais JJ Lehto sur la grille, des débris s'envolant par dessus les grillages de sécurité, touchant des spectateurs et un policier. Course neutralisée d'entrée, la voiture de sécurité emmène donc la meute des F1 au ralenti durant cinq tours, puis s'écarte. Après un seul tour bouclé à pleine vitesse, en tête au début de cette septième boucle, talonné par la Benetton de Michael Schumacher, Ayrton Senna perd le contrôle de sa monoplace qui part tout droit dans la courbe ultra-rapide de Tamburello avant d'aller percuter un mur de béton avec une rare violence (210 km/h lors de l'impact), à 14 h 18. Alors que Senna reçoit des soins d'urgence à même la piste, avant d'être héliporté vers l'hôpital Maggiore de Bologne, ce funeste Grand Prix va à son terme après une interruption d'une vingtaine de minutes, non sans qu'un nouveau drame se produise dans les stands ; à onze tours de la fin, la Minardi de Michele Alboreto perd une roue qui va blesser plusieurs mécaniciens.


Des rumeurs circulant autour du circuit indiquent que Senna est sauf, mais il n'y a aucun moyen de le soigner compte tenu de la gravité de ses blessures et de sa « mort cérébrale » constatée dès son arrivée à l'hôpital. Deux heures après la collision, l'état de Senna est très critique : coma profond, front enfoncé, multiples fractures. Par la suite « Magic » est transféré à l'hôpital Bellaria, spécialisé dans la neurochirurgie, où l’on doit tenter une opération au cerveau, qualifiée « de la dernière chance ».
Son décès est officiellement prononcé peu après 18 h 30. La cause directe de la mort du pilote brésilien résulte d'une circonstance malheureuse. En effet, sous la violence du choc, le triangle supérieur de la suspension avant de sa F1 s'est brisé et est allé frapper, tel un sabre, la visière de son casque. Selon l'autopsie, cette pièce aurait perforé le visage de Senna sous l'arcade sourcilière droite provoquant ainsi des lésions irréversibles au cerveau et une forte hémorragie.
La Williams FW16 de Senna est ramenée aux stands et bâchée. Un officiel, qui examine la voiture, trouve un drapeau autrichien dans le cockpit. Senna a en effet demandé à un ami de lui fournir ce drapeau pour rendre hommage à Ratzenberger au cas où il gagnerait la course.

Cause officielle de l'accident : rupture de la colonne de direction


La cause officielle de l'accident d'Ayrton Senna est une rupture de la colonne de direction de sa monoplace. Senna avait lui-même exigé que cette colonne soit retouchée de manière à améliorer son confort de pilotage. La Williams FW16 étant une évolution de la FW14 de 1991, le cockpit n'avait pas changé depuis que Nigel Mansell, pilote phare de Williams qui avait choisi la position de conduite, avait demandé un volant près du corps. Alain Prost dit avoir souffert dans le cockpit de la FW15 en 1993. Le même problème arriva à Senna sur la FW16. Cette mauvaise position provoqua chez le Brésilien une tétanie du haut du corps lors du Grand-Prix du Brésil 1994. Il demanda donc que le volant soit moins près de lui et il fallut réduire la longueur de la colonne de direction.

La modification ayant été réalisée dans l'urgence, une mauvaise soudure aurait donc été la cause de la rupture de la colonne de direction sollicitée à pleine vitesse dans Tamburello. Cela valut aux principaux responsables de l'écurie Williams (Frank Williams le propriétaire de l'écurie, Patrick Head, le copropriétaire et directeur technique de l'écurie, et Adrian Newey, le concepteur de la voiture) d'être traduits devant la justice italienne. Mais à l'issue d'une longue procédure de près de dix ans, la justice prononça l'acquittement des divers intéressés

D'autres hypothèses ont été avancées, comme un malaise de Senna, qui avait l'habitude de piloter en apnée sur de longues portions, ou celle qui évoque une chute de la pression des pneumatiques (due à un possible passage sur un débris présent sur la piste, ou tout simplement en raison de la baisse de rythme consécutive aux nombreux tours couverts sous safety-car juste avant le drame). La baisse de pression des pneus aurait alors entraîné une diminution de la garde au sol de la voiture. Cette dernière, au passage d'une bosse, aurait « talonné » (le fond-plat de la voiture venant directement au contact de la piste, la voiture, privée de l'adhérence produite par l'effet de sol, se serait transformée en luge incontrôlable), expédiant Senna hors-piste.

Seul son coéquipier de l'époque, Damon Hill, a évoqué une possible faute de la part de Senna. Il ne s'agirait pas d'une faute de pilotage mais d'une trop grande prise de risque. En effet, durant les essais, Senna aurait conseillé à Hill de ne pas trop passer à l'intérieur de la trajectoire de la courbe du Tamburello, du fait des nombreuses bosses. Leurs Williams ayant une garde au sol et un débattement de suspension assez faible, elles les supportaient mal. Pourtant pendant la course, Senna prit l'intérieur de cette courbe avec des pneus refroidis par l'attente derrière le safety-car. Cela peut s'expliquer par le contexte : Senna avait déjà 20 points de retard sur Schumacher au championnat, et selon Alain Prost, il soupçonnait la Benetton de l'Allemand d'avoir un anti-patinage illégal. Senna aurait donc pris un risque avec sa Williams mal née pour essayer de réduire l'écart sur Schumacher. De là sa voiture aurait talonné en « effet surf » et l'aurait projeté dans le mur.
Le matin de ce grand prix, Senna, réconcilié avec Prost, qui avait rejoint les commentateurs sportifs pour la chaîne de télévision TF1, lui avait adressé un message amical en direct alors qu'il effectuait un tour de circuit commenté : « Before the beginning, a special hello to my... our dear friend Alain. We all miss you Alain ! » (« Avant de commencer [le tour, ndlr], un bonjour spécial à mon... à notre ami Alain. Tu nous manques à tous, Alain ! »)

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AYRTON SENNA...



Ayrton Senna da Silva est un pilote automobile brésilien né le 21 mars 1960 à São Paulo (Brésil)



Véritable idole au Brésil où son statut a dépassé celui de simple champion sportif, il est considéré comme l'un des plus grands pilotes de l'histoire de la Formule 1 dont il remporta trois fois le titre de champion du monde en 1988, 1990 et 1991, après avoir remporté 41 Grands Prix et signé 65 pole positions.

Initié aux joies du pilotage dès son plus jeune âge, Ayrton Senna dispute ses premières compétitions de karting à l'adolescence.



Champion d'Amérique du Sud de karting en 1977, puis vice-champion du monde de la spécialité en 1978 et 1979, il émigre, en 1981, vers le Royaume-Uni, pour poursuivre sa carrière.



Au Royaume-Uni, Senna ne tarde pas à se forger une solide réputation dans le milieu du sport automobile.



Champion de Formule Ford 1600 britannique en 1981,



Puis champion de Formule Ford 2000 (britannique et européenne) en 1982, il remporte l'année suivante le relevé Championnat de Grande-Bretagne de Formule 3.

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Sa rapidité alliée à un style très agressif ne passe pas inaperçue et certaines écuries de Formule 1 commencent à surveiller le jeune pilote.



Ainsi, durant l'été 1983, alors que sa saison de Formule 3 n'est pas encore achevée, il est convié à un test par l'écurie Williams. Quelques mois plus tard, McLaren et Brabham testent l'espoir brésilien. Ces grandes équipes ne lui proposent toutefois pas de volant pour le Championnat du monde de Formule 1 1984 et c'est au sein de la modeste équipe Toleman que Senna effectue ses débuts en Grand Prix.





Senna effectue ses premiers tours de roues dans le ventre mou du peloton, mais inscrit son premier point dès la deuxième course de sa carrière en terminant sixième du Grand Prix d'Afrique du Sud, son statut change à l'occasion de la sixième épreuve de la saison (son cinquième départ dans la discipline), au Grand Prix de Monaco 1984. Alors que des trombes d'eau s'abattent sur la Principauté et mettent en déroute la plupart des pilotes, Senna livre une prestation solide : parti de la treizième place sur la grille, il est premier sous le drapeau à damier lorsque la course est interrompue avant son terme pour raison de sécurité. Conformément au règlement, la victoire est attribuée à Alain Prost, leader de l'épreuve un tour avant l'interruption.



Cette performance, ainsi que sa dixième place au championnat du monde avec 13 points, lui ouvre les portes de l'écurie Lotus-Renault.



Chez Lotus, au sein d'une équipe capable de jouer régulièrement la victoire, Senna confirme immédiatement son potentiel en remportant le GP du Portugal, disputé le 21 avril 1985 sous le déluge d'Estoril. Senna profite des 800 chevaux de son moteur Renault V6 turbocompressé pour réaliser sept pole positions lors de la saison 1985. Gérard Crombac, fondateur du journal spécialisé dans la course automobile et dans l'automobile sportive Sport Auto, ne tarde pas à le comparer à son défunt ami Jim Clark, double champion du monde de Formule 1.

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Senna remporte sa seconde victoire de la saison sur le sélectif tracé de Spa-Francorchamps. Chez Lotus, Senna est particulièrement apprécié car, outre ses qualités de pilotage, il fait preuve d'une acuité rare dans le dialogue technique avec les ingénieurs.

En 1986, Senna poursuit son apprentissage aux côtés des ingénieurs français Gérard Ducarouge et Bernard Dudot. Il est leader du championnat jusqu'au septième Grand Prix de la saison. Il porte à huit le nombre de pole positions décrochées en une saison établissant ainsi un nouveau record. Il décroche deux nouvelles victoires, lors des Grands Prix d'Espagne et de Détroit et se classe quatrième du championnat du monde avec 55 points à la fin du championnat, devancé par Alain Prost sur Mclaren Porsche (72 points) et le duo Nigel Mansell-Nelson Piquet sur Williams-Honda (70 et 69 points).



En 1987, suite au retrait de Renault, Lotus signe avec le motoriste japonais Honda et change de sponsor : la livrée JPS noir et or est remplacée par le jaune de Camel. Senna connaît une saison difficile à cause principalement de la nouvelle technique de « suspension active » de sa Lotus 99T.



Il décroche néanmoins la première de ses victoires à Monaco et remporte une nouvelle fois le Grand prix de Detroit, qui reste la dernière victoire de Lotus en Formule 1.



S'il monte sur huit podiums au cours de l'année, il ne termine que troisième du championnat, perdant la place de vice-champion à l'issue du dernier Grand Prix où, second sous le drapeau à damier, il est disqualifié pour freins non conformes.



En 1988, la carrière de Senna prend une nouvelle dimension avec son arrivée, conjointe à celle de Honda, chez Mclaren. Cette arrivée marque le début de sa rivalité avec Alain Prost, son nouvel équipier. McLaren écrase le championnat du monde grâce à la McLaren MP4-4 en remportant quinze des seize courses de la saison pour la dernière sortie des moteurs turbocompressés.

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Seuls les onze meilleurs résultats comptent pour l'attribution du titre afin d'inciter les pilotes à chercher la victoire sans pénaliser outre mesure les casses mécaniques. Senna compte huit victoires et trois secondes places contre sept victoires et quatre secondes places pour Prost, ce qui lui permet de remporter son premier titre mondial. Le brésilien décroche le titre à Suzuka au Japon, lors de l'avant-dernière épreuve du championnat. Après avoir manqué de caler sur la grille, il entame une belle remontée facilité par des soucis mécaniques de Prost. Au 28e des 51 tours, Senna a refait son retard sur le français et file vers la victoire.



En 1989, Prost prend sa revanche sur Senna en lui ravissant le titre de champion du monde. Si 1988 était une saison d'entente cordiale et de respect mutuel entre les deux équipiers, 1989 est celle de la polémique.





Déjà, en 1988, Honda semblait favoriser le pilote brésilien au niveau de la qualité de préparation et de réglage de sa monoplace. Une manœuvre litigieuse de Senna lors du second tour du Grand Prix du Portugal (Senna tasse nettement Prost contre le muret des stands) avait quelque peu entaché les rapports entre les deux hommes.

À l'issue du Grand Prix de Saint Marin, Prost accuse Senna de ne pas avoir respecté un pacte au départ : ne pas s'attaquer au premier virage afin de ne pas risquer un accrochage. Ron Dennis, le patron de McLaren, entreprend alors de réunir les deux hommes pour régler leur différent quelques jours plus tard à l'occasion d'une séance d'essais privés sur le tracé de Pembrey. Peu après, Prost confie à la presse française que, sermonné par Ron Dennis, Senna pleura lors de cette réunion. Cette révélation provoque la fureur du Brésilien qui justifie son action à Imola en considérant que le pacte de non-agression était prévu pour le premier départ du Grand Prix, et non pour le second donné suite au grave accident de Gerhard Berger au 5e tour.



La guerre psychologique explose désormais au grand jour. Prost, depuis longtemps installé dans l'écurie, insiste sur le fait qu'il a lui-même donné son accord pour la venue de Senna et considère que la réputation du Brésilien est surfaite. Jouant de son influence, le pilote français veut montrer qu'il est le meilleur. Senna débauche alors l'homme d'affaires de Prost, Julian Jakobi tandis que Prost se tourne alors vers la presse pour dénoncer un traitement de faveur pour son équipier et rival brésilien.

Moins rapide en qualifications, Prost préfère régler sa monoplace pour la course car il sait que Senna est prêt à tout pour décrocher la pole position. Cette vélocité du Brésilien lui attire non seulement les faveurs de Honda mais aussi celles du personnel de l'écurie McLaren. Si le débat perdure pour savoir à quel point les moteurs Honda de Senna étaient plus performants que ceux de Prost, les fiches techniques confirment que Prost a fait une bonne partie de la saison avec un châssis MP4/5 utilisé également en essais privés tandis que Senna bénéficiait d'un châssis réservé à la course.

Malgré sa rapidité, Senna connaît une saison malchanceuse alors que Prost aligne les places sur le podium. À Monza, Senna bénéficie d'une évolution moteur mais celui-ci explose à quelques tours de l'arrivée et Prost remporte la course. Senna déclare alors ; « La victoire de Prost est un péché ».

Les rapports entre les deux hommes s'enveniment et aboutissent à l'accrochage du Grand prix du Japon en fin de saison. Prost part en tête et Senna le suit de près. Le français résiste à une tentative de dépassement de Senna à l'entrée d'une chicane qui provoque l'accrochage. Senna repart en court-circuitant cette chicane, remporte la course mais est disqualifié pour avoir été poussé par les commissaires et avoir court-circuité la chicane. Prost, suite à la disqualification de son rival, décroche son troisième titre mondial.



Cet accrochage porte à discussion car si Senna part de trop loin pour effectuer un dépassement régulier, Prost ferme quant à lui nettement la porte. Le pilote attaquant, Senna, écope d'une amende et d'une mise à l'épreuve quant au renouvellement de sa super-licence de pilote pour avoir critiqué la décision des commissaires. Selon Senna, cette disqualification est une manœuvre fomentée par le président de la FIA, le Français Jean-Marie Balestre, dans le but de favoriser la victoire en championnat du monde de son compatriote Prost. Senna déclare en effet à Adélaïde, cadre du dernier Grand Prix de la saison ; « What we see today is the true manipulation of the World Championship »(« Ce que nous voyons aujourd'hui est une vraie manipulation du Championnat du monde »).



Prost parti chez Ferrari en 1990, la lutte reprit de plus belle entre les deux hommes et aboutit sur un nouvel accrochage, toujours à Suzuka.



Senna est irrité que l'auteur de la pole position soit placé sur le côté poussiéreux de la piste (conformément au marquage au sol du circuit de Suzuka à cette époque). Refusant de laisser la pole à Prost pour être sur la partie propre de la piste, Senna joue le jeu aux essais qualificatifs et signe le meilleur temps devant le français. À l'époque Senna prétendra avoir rencontré les officiels du circuit de Suzuka avec Gerhard Berger et avoir reçu la confirmation que la pole serait changée de côté. Mais cela n'a jamais été confirmé. Dès lors le scénario tant redouté se produit : au départ, Senna patine et voit Prost profiter de la trajectoire remplie de gomme pour s'envoler en tête. Senna éperonne alors volontairement Prost à l'abord du premier virage, à haute vitesse, s'octroyant ainsi son deuxième titre mondial.

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Simple revanche de l'accrochage de 1989 pour les uns, manœuvre folle et antisportive pour les autres, l'accrochage de 1990 acheva de faire de Senna l'un des pilotes les plus controversés de son temps. Senna reconnut lui-même publiquement l'année suivante avoir provoqué volontairement cet accident en critiquant sévèrement l'action de l'ancien président français de la FIA, Jean-Marie Balestre, qu'il accusait implicitement de jouer en faveur d'Alain Prost. Malgré le fait qu'il admette aujourd'hui avoir compris que ce geste de Senna n'était pas vraiment tourné contre lui mais contre la fédération, Alain Prost considère que cet accrochage est la seule chose qu'il ne peut pas pardonner.

Car même si l'angle de contact et le large dégagement de gravier ont fait que les deux pilotes n'ont rien eu, ils auraient pu se blesser gravement. Pour des pilotes qui ont vu plusieurs de leurs copains du paddock se tuer, comme Jackie Stewart avec Clark, Rindt et François Cevert, ce geste de Senna reste à jamais incompréhensible.



La saison 1991 débute de manière parfaite pour Senna. Quatre Grand Prix, quatre pole positions, quatre victoires. Parmi ces victoires, la plus marquante étant son succès au Brésil à Interlagos, le premier devant son public et alors que sa McLaren avait une boite de vitesse à l'agonie.
Senna sera à la limite de la tétanie physique à l'arrivée du Grand Prix et soulèvera son trophée avec les plus grandes difficultés.





La montée en puissance des Williams-Renault va rendre le troisième titre mondial du brésilien assez long à se dessiner. À mi-saison Nigel Mansell est distancé mais aligne plusieurs victoires. Il en rate une au Canada à cause d'une gaffe dans le dernier tour, confirmant sa réputation de pilote très rapide mais aussi trop peu calculateur. Après deux victoires de suite en Hongrie et en Belgique, Senna est quasiment assuré du titre. C'est encore et toujours à Suzuka que Senna devient mathématiquement Champion du Monde lorsque Mansell sort de la piste. Senna laisse alors la victoire à son équipier et ami Gerhard Berger, malchanceux depuis son arrivée chez McLaren.

La saison 1992 est totalement dominée par l'écurie Williams-Renault et particulièrement par le britannique Nigel Mansell. Avec une McLaren MP4/7 dotée d'une électronique TAG très performante mais peu fiable, Senna lutte à armes inégales. Alain Prost, renvoyé de chez Ferrari, a pris une année sabbatique. Si des comparaisons peuvent être faite entre grands pilotes, on touche là à la véritable faiblesse d'Ayrton Senna : la motivation.



Sa seule motivation était de battre Prost. Sans le français, il n'était plus le même pilote. Dans de nombreuses interviews, Alain Prost a déclaré que durant l'année 1992, Senna ne cessait de l'appeler au téléphone pour qu'il revienne au plus vite. Il n'aimait pas se battre contre Mansell, pilote capable de prises de risque encore plus osées que Senna lui-même, ou contre Schumacher, un jeune talent que Senna n'appréciait guère. Les relations entre les deux hommes étaient d'ailleurs mauvaises en 1992 puisque l'allemand et le brésilien s'accrochèrent à Magny-Cours puis Senna reprocha à Schumacher de l'avoir bloqué en qualifications à Hockenheim. Le brésilien voulut en venir aux mains dans le stand Benetton.



Senna avait compris, tout comme Prost, qu'il fallait au plus vite obtenir un volant chez Williams-Renault pour avoir une chance de redevenir Champion du Monde. Ce fut le feuilleton de l'année 1992. Prost avait des contacts avancés pour 1993 mais Senna se déclara prêt à piloter gratuitement pour Williams. Cela tombait mal pour Nigel Mansell, qui pensait profiter de ses victoires pour revaloriser son contrat. Dans ce jeu de billard à trois bandes, Mansell sera le grand perdant. Écœuré, il s'exila aux États-Unis en IndyCar. Prost ayant réussi à signer, Senna tentait de convaincre le français d'accepter de courir de nouveau ensemble. Mais Prost mit son véto. Senna l'a alors sévèrement critiqué dans la presse et menaçait de prendre lui aussi une année sabbatique. Il fera également un test pour le compte de l'écurie Penske d'IndyCar avec son ami Emerson Fittipaldi. Senna ne semblait pas vouloir poursuivre avec l'écurie McLaren puisque le motoriste Honda s'était retiré de la F1 pour l'année 1993.



Coté piste, le Pauliste avait tout de même remporté trois Grand Prix dont, encore une fois, celui de Monaco. En effet Nigel Mansell avait été victime d'une crevaison lente dans les derniers tours. Senna et Mansell se livrèrent à un duel de légende dans les dix dernier tours du Grand Prix. Mais malgré une grosse prise de risque sous le tunnel à trois tours de l'arrivée, Mansell n'arrivera pas à passer et Senna l'emporte de nouveau.

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On retiendra également que lors des essais du Grand Prix de Belgique, Ayrton Senna sauve la vie du pilote français Erik Comas qui vient d'être victime d'un terrible accident sous ses yeux. Le pilote français, assommé par sa roue perd connaissance, le pied bloqué sur l'accélérateur. Senna s'arrête au bord du circuit et au risque de sa propre vie, traverse la piste en courant alors que les autres voitures déboulent à pleine vitesse pour aller actionner le coupe-circuit de la Ligier du français, évitant ainsi que celle-ci ne s'enflamme avant que les secours n'arrivent sur place.

Pilotera ou pilotera pas ? Début 1993, les deux pilotes McLaren inscrits auprès de la FIA sont Michael Andretti et Mika Hakkinen. Mais finalement Senna revient du Brésil pour défier Prost et sa Williams. Après un roulage à Silverstone, il se rend compte que malgré son moteur Ford V8 client, le châssis McLaren MP4/8 est sain et l'électronique TAG fiable.



Au Grand Prix du Brésil, deuxième manche de la saison, Prost et sa Williams partent favoris pour l'emporter mais Senna réussit à s'imposer pour la seconde fois devant son public avec une voiture moins compétitive que par le passé tandis que son éternel rival a dû abandonner. Son tour de rentrée aux stands prend alors une tournure spectaculaire : alors qu'il s'est emparé d'un drapeau brésilien juste après son arrivée, la foule se rue sur la piste pour acclamer son héros. Senna, qui roulait alors au ralenti pour saluer le public, est contraint de s'arrêter devant cette masse qui encercle sa voiture. Devant l'impossibilité d'avancer à travers cette foule, il devra même laisser sa voiture en plein milieu de la piste et finir son tour d'honneur dans la voiture de sécurité qui peinera moins à le ramener. La fête se poursuivra ensuite sur le podium où il recevra son trophée des mains de Fangio.



Avec ce matériel, qui en 1993 n'était pas le plus compétitif du plateau, Senna va livrer quelques magnifiques démonstrations de pilotage. La plus célèbre d'entre elles ayant eu lieu sous la pluie de Donington Park, où Senna dépasse quatre voitures (dont celle de Prost) lors d'un premier tour d'anthologie. Mais tout comme Alain Prost, Senna n'aimait pas l'évolution électronique de la F1. Il considérait lui-même que sa performance de Donington était plus liée à l'excellente électronique TAG de sa McLaren qu'à son pied droit, qui lui avait fait la différence sous le déluge d'Estoril pour sa première victoire.



Contre toute attente, Senna se retrouve en tête du championnat après une nouvelle victoire à Monaco, la sixième au total en principauté, ce qui reste à ce jour le record. La Williams de Prost est victime d'un embrayage parfois capricieux. Mais à mi-saison, sur les circuits rapides nécessitant un bon moteur, le V10 Renault surclasse le V8 Ford et Senna ne peut pas rivaliser longtemps. Un nouveau kit aérodynamique et électronique arrive en fin de saison et la McLaren de Senna retrouve quelques couleurs pour les dernières confrontations avec Prost. Senna l'emporte à Suzuka où Mika Hakkinen, nouveau coéquipier du brésilien, constate l'ambiance glacial sur le podium entre les deux grands rivaux.

Senna attend en réalité la toute fin de sa confrontation avec Prost pour se détendre. Après avoir fait la pôle, Senna remporte également le Grand Prix d'Australie à Adélaïde. Après une poignée de main chaleureuse dans le garage du parc fermé, Senna invite Prost à monter avec lui sur la plus haute marche du podium. La réconciliation est lancée et vire à la franche rigolade lors de la conférence de presse où Senna révèle que Ron Dennis vient de lui dire que, s'il le souhaite, il peut rester chez McLaren en 1994. Prost tape alors dans le dos de Senna en lui disant ; « Tu sais, il m'a dit la même chose fin 1989 ». Tout le monde éclate de rire.



Pendant l'inter-saison, ils se retrouvent à plusieurs reprises pour discuter de la nouvelle Williams en préparation et pour piloter ensemble lors d'une course de karting de charité à Paris-Bercy à l'initiative d'Ayrton Senna. Senna et Prost passent la soirée à bavarder sous les yeux du public, ce qui semble officialiser leur entente. Conscients tous deux que l'un sans l'autre, leur carrière n'aurait pas eu le même impact, ces deux pilotes avaient développé un énorme respect mutuel. Mais leurs égos les empêchaient de se rapprocher tant qu'ils étaient en compétition.



Prost ayant pris sa retraite, Senna rejoint l'écurie anglo-française fin 1993. Présenté comme le grand favori du championnat 1994, l'histoire tourne pourtant au drame. Au volant d'une voiture plus rétive que prévu, Senna doit subir la loi de Michael Schumacher à l'occasion des deux premières courses de la saison où il signe malgré tout à chaque fois la pole position. La Williams-Renault FW16, privée des assistances électroniques au pilotage (suspensions actives, anti-patinage, etc.) interdites depuis la fin de la saison précédente, exploite mal la puissance de son moteur.



Le troisième Grand Prix de la saison, le Grand Prix de Saint-Marin, disputé sur le tracé d'Imola en Italie les, 29, 30 avril et 1er mai 1994, tourne au cauchemar. Le vendredi, premier avertissement avec une violente cabriole du jeune Rubens Barrichello (Jordan) qui s'en tire blessé. Le samedi, lors des essais qualificatifs, où Senna signe sa 65e et dernière pole position, le pilote autrichien Roland Ratzenberger est victime d'un accident mortel au volant de sa Simtek-Ford, juste après avoir perdu un aileron, dans le virage de Tosa.

Roland Ratzenberger est très certainement tué sur le coup, mais son décès ne sera constaté officiellement que lors de son transfert hors du circuit. Or, selon la loi italienne, s'il avait effectivement été constaté sur place, la piste d'Imola aurait été placée sous scellés aux fins d'inspection et d'enquête, comme le veut la justice italienne, ce qui aurait automatiquement entraîné le report du Grand Prix.

Senna monte alors à bord d'une voiture de la direction de course et se rend sur les lieux du crash pour discuter avec des commissaires. Il est rappelé à l'ordre par lettre le dimanche matin par la FIA pour ce geste, les officiels considérant qu'il n'avait rien à faire sur place. Il est profondément affecté par ce drame, et ressent un mauvais pressentiment. Il confie au téléphone à son amie Adriana Galisteu qu'il n'a pas envie de courir. Le professeur Sid Watkins, à la tête de l'équipe médicale sur les circuits de Formule 1, rappelle dans ses mémoires qu'Ayrton Senna a pleuré sur son épaule à l'annonce de la mort de Ratzenberger. Watkins tente alors de persuader Senna de ne pas courir le lendemain, lui disant qu'il est le triple champion du monde, le plus rapide et qu'il ferait mieux de « se mettre à la pêche » (« What else do you need to do? You have been world champion three times, you are obviously the quickest driver. Give it up and let's go fishing »). Senna lui rétorque qu'il n'a pas le contrôle sur certaines choses et qu'il doit continuer (« Sid, there are certain things over which we have no control. I cannot quit, I have to go on.).

Lors du repas du samedi soir, pris avec Jakobi et Gerhard Berger, Senna demande à ce qu'un drapeau autrichien lui soit remis en cas de victoire.

La course aura donc lieu. Au briefing des pilotes, Ayrton Senna retrouve le français Erik Comas, qu'il avait secouru à Spa en 1992, pour lui demander de le rencontrer à Monaco afin de parler de sécurité. Visiblement Senna a l'intention de reformer un comité de pilotes. Il en discute également avec Michael Schumacher et Gerhard Berger à la sortie de ce briefing. Puis le dimanche midi, il traverse tout le paddock et le motorhome Renault pour demander à Alain Prost de le rejoindre. De nouveau il lui parle de sécurité et de ses doutes sur la possibilité de contenir la Benetton de Schumacher avec sa Williams.

Il faut rappeler qu'outre les accidents de Barrichello et de Ratzenberger, JJ Lehto et Jean Alesi ont déjà été victimes de violentes sorties entrainant des blessures lors de l'intersaison. Puis Karl Wendlinger à Monaco et Andrea Montermini à Barcelone seront également violemment accidentés. Le changement de réglementation avec le retrait subit de l'électronique ont visiblement rendu les F1 de l'année 1994 dangereuses. De plus beaucoup de circuits n'ont plus été aménagés depuis quelques saisons, étant donné qu'aucun pilote n'a été tué depuis Elio de Angelis en 1986.



Le dimanche 1er mai, au départ, un accident se produit dès le feu vert, la Lotus du Portugais Pedro Lamy percutant la Benetton du Finlandais JJ.Lehto sur la grille, des débris s'envolant par dessus les grillages de sécurité, touchant des spectateurs et un policier. Course neutralisée d'entrée, la voiture de sécurité emmène donc la meute des F1 au ralenti durant cinq tours, et s'écarte. Après un seul tour bouclé à pleine vitesse, en tête dans cette sixième boucle, talonné par la Benetton de Michael Schumacher, Ayrton Senna perd le contrôle de sa monoplace qui part tout droit dans la courbe ultra-rapide de Tamburello avant d'aller percuter un mur de béton avec une rare violence (210 km/h lors de l'impact), à 14 h 18. Alors que Senna reçoit des soins d'urgence à même la piste, avant d'être héliporté vers l'hôpital Maggiore de Bologne, ce funeste Grand Prix va à son terme après une interruption d'une vingtaine de minutes, non sans qu'un nouveau drame se produise dans les stands ; à onze tours de la fin, la Minardi de Michele Alboreto perd une roue qui va blesser plusieurs mécaniciens.

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De fausses rumeurs circulent autour du circuit indiquant que Senna est sauf, mais il n'y a aucun moyen de le soigner compte tenu de la gravité de ses blessures et de sa « mort cérébrale » constatée dès son arrivée à l'hôpital. Deux heures après la collision, l'état de Senna est très critique ; coma profond, front enfoncé, multiples fractures. Par la suite « Magic » est été transféré à l'hôpital Bellaria, spécialisé dans la neurochirurgie, où l'on doit tenter une opération au cerveau, « qualifiée de la dernière chance ».

Son décès est officiellement prononcé peu après 18 h 30. La cause directe de la mort du pilote brésilien résulte d'une circonstance malheureuse. En effet, sous la violence du choc, le triangle supérieur de la suspension avant de sa F1 s'est brisé et est allé frapper, tel un sabre, la visière de son casque. Selon l'autopsie, cette pièce aurait perforé le visage de Senna sous l'arcade sourcilière droite provoquant ainsi des lésions irréversibles au cerveau et une forte hémorragie.



La Williams FW16 de Senna est ramenée aux stands et bâchée. Un officiel, qui examine la voiture, trouve un drapeau autrichien dans le cockpit. Senna a en effet demandé à un ami de lui fournir ce drapeau pour rendre hommage à Ratzenberger au cas où il gagnerait la course.

La fascination provoquée par Ayrton Senna ne tient pas qu'à ses remarquables qualités de pilote, mais également à sa personnalité complexe, ambivalente.

Senna était tout d'abord connu pour sa grande agressivité en piste. Une agressivité dans le bon sens du terme qui faisait de lui un concurrent redoutable, ne reculant pas face au danger (notamment sous la pluie) et d'une grande habilité dans les dépassements. Mais une agressivité parfois au-delà de la sportivité, qui pouvait l'amener à provoquer volontairement un accident au mépris des risques encourus, comme au départ du GP du Japon 1990. Cette détermination de Senna s'exprimait également hors-piste, où il exigeait le maximum de son équipe. Certains ingénieurs se souviennent que leur hantise était de croiser Senna le soir dans les couloirs de l'hôtel, de peur de se retrouver embarqué dans un débriefing technique impromptu par le perfectionniste pilote brésilien.

Mais l'implacable compétiteur risque-tout et en apparence insensible au danger se doublait paradoxalement d'un homme très concerné par les problèmes de sécurité sur les circuits, et d'une grande sensibilité. Arrivé en Formule 1 à une époque où la mort était moins omniprésente que par le passé, Senna s'était montré très affecté par les circonstances de l'accident mortel de son ancien coéquipier Elio de Angelis lors d'essais privés sur le circuit du Castellet en 1986. Peu avant le drame, Senna avait noté l'insuffisance des secours en bord de piste, et s'apprêtait à le signaler à la direction du circuit, avant que ses propres problèmes techniques ne lui fassent oublier sa bonne résolution. Par la suite, Senna n'aura de cesse d'être systématiquement le premier pilote (le seul?) sur les lieux des graves accidents, dans un souci permanent d'en comprendre les raisons, mais également pour tenter d'apporter son soutien au pilote accidenté. Il en est allé de la sorte lors de l'accident de Martin Donnelly aux essais du GP d'Espagne 1990, mais également lors de celui de Roland Ratzenberger, la veille de sa propre mort. Son attitude lors de l'accident d'Erik Comas aux essais du GP de Belgique 1992 est également restée dans les mémoires. Le pilote brésilien n'avait en effet pas hésité à traverser la piste (sur laquelle déboulaient à pleine vitesse d'autres concurrents) pour éteindre le moteur de la Ligier accidentée de Comas, inconscient, et éviter un incendie. « Senna m'a probablement sauvé la vie » dira plus tard Comas. Quelques heures avant sa mort, Senna s'apprêtait à relancer la défunte association des pilotes de Grand Prix, afin que lui et ses collègues puissent peser sur les décisions en matière de sécurité.

La sensibilité de Senna s'exprimait également dans l'évocation de sa foi. Très croyant, Senna est ainsi l'un des rares pilotes à avoir longuement et publiquement parlé de son rapport à Dieu, un aspect de leur vie que les pilotes préfèrent généralement garder pour eux. Mais ses propos furent déformés et tournés en dérision par certains de ses adversaires, lesquels laissaient entendre que Senna pilotait en se croyant protégé par Dieu, ce qui le rendait dangereux.

Sa statue, a l'ex virage Tamburello, à Imola



Comme quelques pilotes de génie qui font la différence, Senna était doué d'une hyper sensibilité technique et ressentait le moindre défaut de sa voiture et de la piste. En début de carrière, il parcourait les circuits à pied afin de repérer la moindre imperfection d'un vibreur. Alors qu'Alain Prost était un grand régleur de châssis, Senna lui était plus sensible aux réglages de son moteur et des rapports de boîte de vitesses. Et même si en apparence Senna était plus agressif, Prost a déclaré que lui, Senna et Lauda avaient le même style de pilotage sur les dosages d'accélérateur, les entrées et sorties de courbe, là où Mansell et Rosberg adoptaient un autre style.

Selon ses ingénieurs, comme Gérard Ducarouge, Senna avait sa propre télémétrie, ce qui l'avantageait à l'époque où les F1 n'étaient pas remplies d'électronique. Ducarouge raconta même que chez Lotus, par manque de moyens, il n'avait mis que trois plaquettes de frein neuves pour la qualification alors que Senna exigeait du matériel neuf pour aller chasser la pole. Ducarouge mit donc une 4e plaquette qui n'avait fait que quelques tours. Mais après son tour de formation, Senna rentra brusquement à son stand pour faire remarquer que sa plaquette avant-gauche n'était pas neuve. Toute l'équipe Lotus en resta sans voix.

Un autre monument, que Senna partage avec Juan Manuel Fangio, à Donington :



Senna expliqua par la suite que l'apparition des capteurs électroniques de télémétrie allait fatalement avantager les pilotes moins sensibles et les aider à comprendre des choses qu'ils ne sentaient pas en tant que pilote. Ce nivellement à cause de l'électronique était également décrié par Alain Prost en 1993 ce qui explique en partie leur rapprochement. Ils savaient qu'ils étaient tous les deux au-dessus de leur génération, d'où l'énorme respect mutuel qui les animait.



Ayrton Senna en chiffre... :

* Grands Prix : 161 départs (162 participations)
* Victoires : 41
* Points marqués : 614
* Pole Positions : 65
* Podiums : 80
* Meilleurs Tours en course: 19
* Débuts en F1 : 1984 — Grand Prix du Brésil à Jacarepagua (Résultat : abandon)
* Première victoire : 1985 — Grand Prix du Portugal à Estoril
* Première pole position : 1985 — Grand Prix du Portugal à Estoril
* Dernier GP disputé : 1994 — Grand Prix de Saint-Marin, à Imola.

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Je suis allé il y a deux ans voir la tombe d'Ayrton Senna
Voici mes photos du Cemeterio Do Morumbi, ou il repose, qui se trouve au Sud-Est de Sao Paulo











Et sur la plaque ci-dessus, est inscrit comme épitaphe : "Rien ne pourra me séparer de l'amour de Dieu"

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