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scuderia57

Lotus 88

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La dernière œuvre de Colin Chapman, qui restera comme son testament : la Lotus 88 à double châssis.
Pour la saison 1981 qui approche à grands pas, le Team Lotus déborde d’ambitions. Il faut dire que les deux dernières campagnes en Formule 1 n’ont pas du tout été fructueuses. Après le sacre en 1978 de Mario Andretti sur la magnifique Lotus 79 à effet de sol, les troupes de Hethel ont fait profil bas. La 80 dans sa livrée Martini Racing en vert anglais, qui pousse à son paroxysme le concept de "wing car", ne fonctionne pas et le glorieux Team Lotus doit se contenter de quelques podiums en deux ans avec une quatrième place au championnat des constructeurs en 1980. Pour 1981 qui restera comme l’une des années des plus troubles de l’histoire de la F1 avec le conflit FISA-FOCA, l’objectif est de retrouver les deux couronnes mondiales.
La CSI (Commission Sportive Internationale), entre-temps rebaptisée FISA (Fédération Internationale du Sport Automobile), et son président Jean-Marie Balestre décident de bannir pour des raisons de sécurité les jupes coulissantes, provoquant ainsi la disparition des "wing cars" qui étaient devenues trop efficaces en virages pour pouvoir rouler sur des circuits à leur mesure. De surcroît, la hauteur des Formule 1 doit être rehaussée de six centimètres. Colin Chapman, qui avait été le pionnier de cette technologie, se met dès lors en tête de retrouver cet effet de sol qui apporte un avantage indéniable en performances pures. Rien ne disait justement dans le règlement que boulonner un plancher spécial directement aux extrémités des triangles et non pas à la partie suspendue de la voiture était interdit.

C’est ainsi que la Lotus 88 voit le jour, extrapolée du projet Type 86 qui n’a roulé qu’en essais privés. Elle témoigne du génie de Chapman et de ses acolytes Peter Wright et Martin Ogilvie pour faire un bras d’honneur au règlement de l’époque. Toujours mue par un V8 Cosworth DFV, elle est composée de deux châssis distincts, le premier ne comprenant que les éléments aérodynamiques tandis que le second réunit le moteur, les trains roulants et le pilote. Ce système astucieux permet au bolide aux couleurs Essex d’être le plus proche possible du tarmac en piste et d’être à hauteur légale dans les virages lents afin qu’elle puisse être déclarée conforme une fois dans la pitlane à basse vitesse.



C’est avec beaucoup d’enthousiasme que Nigel Mansell et Elio De Angelis, les deux pilotes titulaires de l’équipe, arrivent au Grand Prix de Long Beach pour la première épreuve de la saison à la mi-mars. Ils avaient au préalable testé la voiture à Rio en compagnie d’Alfa Romeo. Une fois la Type 88 rentrée au stand, les Italiens envoyèrent une voiture en piste qui accusa d’emblée une seconde de retard au tour. Il n’en fallait pas plus pour que les autres écuries, totalement prises de cours, mirent tout en œuvre pour exclure la jolie monoplace bleue. Les commissaires permirent néanmoins à De Angelis de prendre part aux essais du vendredi, mais face à la colère qui gronde, ils durent faire machine arrière le soir même.

L’interdiction se basait sur le fait que la voiture utilisait toujours des éléments aérodynamiques mobiles, même si le règlement était théoriquement respecté. En conséquence, les Lotus 88 n’ont jamais pu boucler le moindre tour chronométré dans le cadre d’un Grand Prix. Certains patrons d’équipe, notamment Frank Williams, pointeront du doigt le fait que les écuries manquèrent d’audace en ne prenant pas soin de lire entre les lignes du cahier de charges imposé par le pouvoir sportif.



Après le revers américain, Chapman tentera crânement d’aligner ses deux voitures à Imola, sans succès. Pour le Grand Prix national à Silverstone, une version ‘’B’’ de la Type 88 est présentée lors du contrôle technique. Malgré son échec en appel pour lever l’interdiction de la monoplace, celle-ci est acceptée à prendre part au week-end de course sous la pression des nombreux fans soutenant la cause du Team Lotus dans son malheur. Mais là encore, Jean-Marie Balestre interviendra, déclarant que l’épreuve serait classée comme étant hors-championnat si la monoplace incriminée prenait le départ. On ne reverra plus la Lotus 88 en Grand Prix. Dégoûté, Chapman commença à se désintéresser à la F1, avant qu’une crise cardiaque l’emporte en décembre 1982.

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